Oui, je sais, je peux la garder ma fille vu que j’ai bientôt plus de boulot. Mais quand je vais en chercher, il faudra bien que j’ai mes journées de libre…
A Banlieue sur Orge, il n’y a pas de crèche dite « classique ». Il y a une crèche familiale qui marche avec la mairie et une crèche parentale.
La crèche familiale,c’est spécial. Y’a pas vraiment de crèche en fait. Le bébé va chez une nounou, sauf que ce n’est pas toi qui paie cette nounou mais la mairie. Ca t’évite la paperasse et c’est très très nettement moins cher vu que c’est calculé sur le quotient familial (si tu es riche, je ne peux rien pour toi). Donc, toute la semaine, le gamin est chez la nounou, que, théoriquement tu ne peux pas choisir et plus tard, quand il est en âge de jouer en groupe, il passe une journée par semaine dans les locaux de la PMI avec les autres enfants de la crèche qui n’en est pas une… Tu suis ?
C’est contrainte et forcée que j’ai inscrit ma fille dans cette structure qui ne me convient pas. A la base, je ne suis pas très « nounou », alors si en plus on ne peut pas la choisir…
Heureusement, il y a quelques semaines, au volant de ma 106 kid, je tombe sur un plan B. Un panneau d’infos interactif qui annonce qu’il reste des places pour les enfants de 2011 à la crèche parentale. Bingo, j’appelle pour en savoir plus et surtout pour candidater. Parce qu’on candidate à la crèche parentale, vu que c’est privé et que le fonctionnement est radicalement différent de toutes les autres crèches.
La crèche parentale, c’est spécial (oui encore). C’est en fait une association de parentsdésireux de s’impliquer dans le mode de garde de leur enfant. Le tarif est le même qu’une crèche municipale, donc basé sur le quotient familial. C’est, dixit la directrice et les mamans chargées du « recrutement », un mode de garde lourd, très lourd.
Chaque semaine, l’un des parents doit assurer une demi-journée de permanence à la crèche (donc obligation pour moi de trouver un boulot à 4/5ème ou moins). Pas pour garder son enfant uniquement, non, il faut aussi participer à la prise en charge des autres enfants : temps des repas, activités, sorties, jardinage (y’a un petit jardin trop trop mignon). Bien entendu, le parent de permanence bénéficie de l’encadrement du personnel éducatif diplômé de la crèche. Parce que c’est une association, mais avec des salariés et le fonctionnement d’une crèche collective normale.
Les parents, qui sont adhérents de l’association, participent à l’ensemble des décisions concernant la crèche, au moyen de fréquentes réunions et de deux assemblée générales par an. Ils conviennent ensemble avec l’équipe éducative des repas et de leur contenu (un cahier des charges est établi pour l’année), des éventuels travaux à effectuer, du projet pédagogique, de l’agencement des locaux en cas de réorganisation, de l’utilisation de la trésorerie de la crèche. Bien sûr, tout le monde ne fait pas tout, c’est organisé en commissions : loisirs, trésorerie, recrutement (de nouveaux parents), courses etc…).
Nous sommes allés visiter cette crèche d’une capacité de 15 enfants et nous entretenir avec deux mamans recruteuses et la directrice. Première étape du recrutement. Elles ont toutes les trois mis l’accent sur l’investissement personnel (le mien en l’occurrence vu les horaires de Monsieur) que demande ce mode de garde. C’est souvent une source de conflit avec les nouveaux parents adhérents.
Moi, personnellement, ça me convient totalement, à Monsieur Nanou aussi.
Nous avons parlé de tout : des repas, de la place des doudous, de la sieste, du projet pédagogique… Trois groupes de 5 enfants, un jardin, une approche pédagogique douce et à l’écoute de l’enfant, des sorties même pour les bébés, la possibilité pour les parents d’appeler dans la journée pour savoir si tout va bien, des activités favorisant l’éveil aux sensations (les bébés peuvent patouiller et se salir tant qu’ils veulent, vive la lessive !). Séduite j’étais. Encore plus quand on m’a dit que je pourrais laisser chaque matin des biberons de mon lait (aussi longtemps que je le souhaiterais) pour que ma fille le boive (malheureusement, les mamans ne peuvent plus venir allaiter leur bébé le midi, les autres enfants le vivaient mal). Et chaque nouvel aliment solide ne sera introduit qu’après test à la maison.
Évidemment, il me faut cette place. Je veux que ma fille intègre cette crèche si elle doit aller en crèche. C’est parfait, c’est exactement ce que je veux.
La bonne nouvelle c’est qu’on a passé la première étape. Elles ont été séduites, elles aussi, par notre famille. Nous faisons partie des 4 finalistes (pour deux places) et le fait que je sois au chômage n’a pas été un frein pour elles, au contraire, j’aurais les coudées franches pour l’adaptation qui se fait sur 15 jours. On doit nous rappeler pour rencontrer la responsable pédagogique.
C’est parfait en somme. Je ne pouvais pas rêver mieux que cette crèche qui me permettra de passer du temps avec ma fille et de la voir évoluer au milieu d’autres enfants. une crèche qui m’implique, qui nous implique dans le temps qu’elle passera sans nous à compter d’octobre-novembre.
PARFAIT je vous dis.
Sauf que je ne veux pas qu’elle y aille. Ironie du sort, je vais tout de même devoir faire des efforts pour cette place que je ne veux pas. J’en ai mal au ventre rien que d’y penser. D’autres bras que les miensnôtres, une main et un biberon à la place de mon sein, plus de tête à tête à rallonge le matin dans le lit, d’autres femmes qui me raconteront la journée de mon enfant… Je sais que j’anticipe, mais j’en suis malade d’avance quand je vois à quel point elle est dépendante de moi… ou plutôt à quel point nous dépendons l’une de l’autre (sans doute trop).
Est-ce le souvenir indélébile de ce sentiment d’arrachement quand j’ai dû laisser le Haricot si petit pour retourner au lycée ? Ou une relation trop fusionnelle avec cette toute petite fille ? Ma petite fille chaque jour plus rondelette, pleine de petits plis et de bourrelets à bisous…
Comment la laisser ? Crèche ou pas crèche… affaire à suivre…