Dans notre famille, il y a Mamie Catastrophe, alias, la mère de Monsieur Nanou (Belle-Maman donc).
Ça va te paraître un peu méchant que je l’appelle comme ça, elle est adorable en plus… Mais c’est la pure vérité.
Monsieur Nanou regrette encore les deux dernières fois où nous lui avons prêté la Golf et où, malencontreusement elle a chevauché un énorme truc de béton sur un trottoir (une bite on appelle ça, mais j’aime pas trop le mot). Ca nous a valu un très beau malus.
Il y a aussi ces heures innombrables que nous avons passé à rechercher ses clés – des heures, je vous jure – alors qu’elles étaient tout simplement dans sa poche. Poche qu’elle nous jurait avoir vérifiées, voire retournées… Et ça c’est quand elle ne reste pas enfermée dehors, avec sa clé à l’intérieur…
Mamie Catastrophe vit seule dans un petit duplex dans lequel elle nous reçoit toujours comme des rois. Je ne compte plus le nombre de confits de canard que j’ai mangé chez elle, malgré mes objections et mon régime Weight Watchers :
– Mais enfin Nanette, le confit de canard ce n’est pas gras. La graisse de canard, c’est 10 fois mieux que l’huile !!! Vous reprendrez un peu de pommes de terre ?
Parfois, Monsieur Nanou, qui, quoi qu’il en dise, est un fils à maman, bricole pour sa mère. Il y a toujours un tas de trucs à réparer chez Mamie Catastrophe. Une poignée de porte cassée, sur laquelle elle n’a JAMAIS tiré violemment, notez bien.
Ou alors, un meuble à chaussures ikéa brinquebalant, offert par ses fils et choisi pour son extrême solidité… Mais, pas assez solide puisque « simplement en l’ouvrant », la façade d’un tiroir lui est restée dans les mains…
On pourrait croire qu’elle en a après nous, mais non, pas du tout. Le P’tit Beau Frère a donné également de sa personne en prêtant sa voiture à sa maman qui avait mal au dos. Hélas, un mur s’est malencontreusement jeté sur l’arrière de sa petite voiture alors que Belle-Maman se garait. Gloups !
Mais, dans ce constat d’infortune familiale, je me dois d’être parfaitement équitable. Mon père se défend très bien sur le terrain des catastrophes. Mon petit papa, que j’aime, le tout premier des hommes de ma vie. Mon père parfois a deux mains gauches.
Il conduit une magnifique Laguna (enfin, elle a été magnifique) qui a subit quelques chocs, jamais violents, mais qui lui ont causé quelques bosses… Plein de petites bosses sur cette belle voiture, malgré la présence à bord de deux Saint Christophe !
Papy Catastrophe sait toujours tout sur tout, donc il déteste écouter consignes et recommandations. Ainsi, en sortant de l’hôpital en l’an de grâce 2003, après un petit infarctus (la peur de ma vie), il a écouté d’une oreille distraite les précautions à suivre avant de prendre son traitement. Il allait avoir mal, il le savait, mais le cardiologue lui avait prescrit un petit spray vaso-dilatateur. « Une pulvérisation sous la langue en cas de douleur Monsieur, pas plus ».
Et un après-midi, ce qui devait arriver arriva : petite douleur dans la poitrine… et 10 pulvérisations. Plus on en met, plus c’est efficace, non ? Sauf que ce truc a dilaté ses artères vitesse grand V, ce qui l’a fait chuter : malaise, grosse trouille pour moi. Rien de grave heureusement…
Est-ce que je raconte le coup de la crème contre l’eczéma, à appliquer « uniquement sur les lésions » ? Non, pas la peine… Pas besoin non plus, de parler de la tisane laxative – quelques feuilles à faire infuser dans un grand volume d’eau – notice transformée en « 10 feuilles dans une petite tasse d’eau bouillante et infusées 30 minutes ». Ce jour-là, nous ne sommes pas sortis… mais nous avons beaucoup ri mon mari et moi en voyant sa mine crispée.
La dernière boulette en date pour Papy Cata, c’était le coup du bagage à main, la semaine dernière quand nous l’avons emmené à Orly (il est en Guadeloupe actuellement). Le bagage à main, donc, sensé être PETIT et peser seulement 12 kilos… en faisait 16 et s’est transformé en valise. Il a failli louper son avion à cause du douanier qui faisait la tronche (et à raison) et Nanou et moi nous sommes retrouvés à transvider des fringues d’un sac à l’autre pour que son bagage soit conforme. Une horreur.
Arrivé à Pointe-à-Pitre, c’est Nanny ma frangine qui a pris le relai. Comment ? En gérant une sombre histoire de valise perdue, qui avait voyagé par erreur sur un autre vol… en Martinique (récupérée le lendemain, heureusement).
Avec Mamie et Papy Catastrophe, on rigole pas tous les jours. Parfois, il nous rendent même un peu zinzins ces deux tête-en-l’air. Mais ce sont des grands-parents gâteaux et des parents aimants.
La mère de Monsieur Nanou a adopté mon fils qu’elle considère comme son petit-fils et mon père, ce héros, je lui dois tout. Il a été d’un soutien sans faille quand j’ai été mère pour la première fois.
Et même si on râle, on prend toujours plaisir à les dépanner, rien que pour le bonheur de les voir… gazouiller bêtement en faisant des risettes à leurs petits-enfants…