J’aurai 30 ans dans deux mois, le 21 avril. A cette date, je serai au soleil et ça m’arrange bien.

Je ne « fête » jamais mon anniversaire. Je préfère un petit repas dans l’intimité de ma plus proche famille : mon mari et mes enfants.

Adolescente, je n’ai jamais fait de grosses fiestas à la maison (de toute façon, on m’aurait refusé toute boum ou équivalent) et enfant, pas de fête non plus. Bien sûr, il y avait un gâteau, des bougies parfois. Mais ça n’était pas un évènement à proprement parler.

L’année de mes 6 ans, mes parents ont décidé de divorcer. Puis ont changé d’avis. Puis ont repris la procédure après des retrouvailles ratées.

J’ai tout appris cette année là : ce que voulait dire séparation de corps, ce qu’était un homme qui trompe sa femme, le bruit des assiettes par terre. On ne m’a rien épargné.

Ça a duré longtemps cette période. Des cris, un peu, beaucoup, tout le temps. Des adultes occupés à s’engueuler, à s’insulter et deux petites filles au milieu. Une toute petite et une plus grande obligée de jouer les mamans (mais avec brio ma Nanny).

Et puis un 21 avril, le grand jour est arrivé.

Mon père a pris sa journée. Comme tous les matins, il a laissé sur la machine à laver notre bol de lait et l’orange du matin, pour les vitamines.

Ma mère a pris sa journée. Comme tous les matins, elle a pris son temps pour se maquiller et donner à ma soeur les derniers conseils avant le départ pour l’école.

Et ils sont allés divorcer. Pour de bon. Officiellement. Le jour de mon anniversaire.

Nous sommes rentrées de l’école. La plupart des meubles du salon avaient disparu, après un partage négocié bec et ongle.

Papa a quitté la maison ce jour-là. Je n’arrive pas à me rappeler quel âge j’avais. Il n’y a pas eu de gâteau.

Juste deux pains aux raisins achetés en vitesse avant de partir. Il a planté des bougies dessus, m’a offert un cadeau, nous a embrassé en pleurant et puis il est parti.

Je ne fête plus jamais mon anniversaire depuis. J’organise volontiers celui de mon fils, j’en fais même trop parfois. Mais le mien, je ne le fête pas. Nous restons à la maison, le Haricot et Monsieur Nanou préparent une petite tarte, mais tous les deux respectent (enfin respectaient parce que mon mari fait du forcing) le fait que ce jour soit un jour difficile pour moi.

Cette année est une grande année : notre fille aura 1 an le 7 avril. Son père aura 30 ans le 5 avril. Nous partons en vacances le 11.

Je vous épargne le raccourci imaginé par toute la famille (la palme du j’insiste lourdement revenant à mon beau-père) : faisons un grand anniversaire commun ! Celui de mon mari, de ma fille, oui, mais pas le mien, par pitié.

J’ai tenté de contourner les choses en objectant qu’on ne fête pas un anniversaire quinze jours avant, mais on me force la main.

Et on sourit en insistant gentiment…

C’est ma journée non ? C’est mon droit ? Est-ce que je l’ai encore ce droit ?

Le droit de ne pas vouloir fêter un jour qui, pour moi, reste l’un des plus noirs de ma vie.

P.S : J’ai finalement durci un peu le ton. J’ai failli dire « j’ai dit non PUTAIN ! », mais je l’ai joué plus fine, mais plus ferme.

P.P.S : En plus, on prend l’avion 4 jours plus tard. Ca nous porterait la poisse.