La Fève tète tranquillement dans mes bras… Je me sens bien. Je viens d’avoir le Haricot au téléphone, enfin. Il me manque mon grand garçon. J’ai le sourire aux lèvres parce qu’à cet instant précis j’adore être mère. Ça ne veut pas dire que je n’aime pas ça d’habitude, mais là je me sens débarrassée de toute lassitude, j’ai juste envie d’avoir très vite mes deux enfants avec moi… Monsieur Nanou regarde sa fille avec des yeux plein de fierté. Elle le voit et lui sourit, le sein encore dans la bouche. Ça me fait fondre ce genre de sourire. Je viens aussi d’apprendre que ma meilleure amie est enceinte de son deuxième enfant, ça leur en fera trois à elle et son mari puisqu’il était déjà papa quand ils se sont rencontrés. Ça m’a émue aux larmes…

 

– J’adore ça être maman, tu sais… On a eu une année de dingue entre les travaux, les ptites bêtises du Haricot… Mais mes enfants quand même ils déchirent ! On fait pas tout toujours bien, je débute en pré-ado, mais je pense qu’ils sont heureux.

– Ben ouais, je sais. Bon, ils ont pas chacun leur chambre, mais on arrivera à déménager, en attendant on améliore l’appart. On va y arriver.

– Déjà la chambre des mômes est en bonne voie, le lit est enfin livré, manque une moitié de papier de peint… J’ai hâte. Choisir le papier ça m’a donné plein d’idées pour une chambre d’ado et la chambre de la Fève. On va y arriver t’as raison. Ils vont pas pouvoir cohabiter trop longtemps… Et puis on sait jamais, si la famille s’agrandit d’ici quelques années…

– Ben non, ça c’est pas possible avec ton stérilet ! On est tranquille pendant 4 ans, pis après tu recommences…

– … … Ah ? Je me disais qu’une fois que la Fève serait plus grande, heu, tu voudrais avoir un autre bébé. Une fille ou un ptit gars…

– Elle a 4 mois et tu penses DEJA à ça ? De toute façon, tu sais moi, je veux pas d’autre enfant. On est très heureux comme ça. Une fille et mon beau-fils, ça me suffit.

– Pas d’autres enfants ? T’es sûr ?

 

Soupe à la grimace tout le reste de la soirée. Et pourtant, c’est son choix, il faut bien que je le respecte. Et mon choix à moi, alors ?

Quand mon fils est né, dans les circonstances que tu connais, j’étais seule. Mais j’ai toujours, toujours su qu’un jour j’aurai un autre enfant, ou au moins j’en voulais un autre. Le désir d’enfant ne s’explique pas il paraît, et honnêtment, je ne saurais pas l’expliquer non plus. Mais en tenant à nouveau mon nouveau-né dans les bras, puis en m’occupant de ma fille, en ayant la possibilité de faire mes propres choix pour mon bébé sans subir aucune pression… j’ai voulu un troisième enfant… un jour.

Je sais que c’est tôt pour en parler, même pour le concevoir. Mais j’ai besoin d’avoir la certitude qu’un jour ce sera possible.

Pour le moment c’est non pour lui. Et ça me fait très mal. On a bien le temps d’en reparler. Des années même. Mais si sa réponse reste négative, ce sera très douloureux pour moi. Pour le moment ce désir reste un peu abstrait mais un jour, je sais qu’il se fera sentir plus profondément… J’espère qu’il ne nous séparera pas.

On peut vraiment faire le deuil du désir d’enfant ? Faire le deuil d’une nouvelle grossesse, d’une nouvelle maternité ?

J’ai même pas envie d’y penser. Je préfère mettre mon envie en sommeil… et chercher un moyen de le convaincre dans quelques années !

« Il peut encore changer d’avis… » m’a dit ma soeur. J’y crois, j’y crois.