Le Haricot grandit. Il devient un beau jeune homme et je ne dis pas ça parce que c’est mon fils. Il est grand, assez fin et très athlétique. En même temps c’est un athlète – le mardi et le jeudi soir – donc c’est pas difficile.

Physiquement, c’est un mélange du Grand Ex et de moi. Il a mon teint sépia, mais la haute stature de son père et du blond dans les cheveux en été.

« A l’intérieur », c’est tout moi : il aime lire, il n’aime pas les sports collectifs mais est accro à la course à pied, il est curieux de tout et adore se cultiver. Il est chiant aussi, comme moi et un brin bordélique.

Depuis l’année dernière, ses goûts s’affirment de plus en plus, notamment dans la tenue vestimentaire. Il ADORE le noir, sans être gothique, s’il ne pouvait porter que ça, il serait ravi ! Je trouve que les couleurs lui vont bien, il a la chance de pouvoir tout porter. Il est beau en blanc, beau en noir, beau en jaune, beau en rouge. Je l’avoue volontiers, j’ai un peu… mis la pression pour qu’il diversifie un peu ses tenues le matin.

Et depuis quelques semaines, il rentre à la maison en passant comme une flèche dans le couloir murmurant un « coucou, ça va ? ». J’ai fini par découvrir pourquoi. Il rentre en trombe parce qu’il porte ses jeans très très bas, limite sous les fesses. Il sait que je déteste ça. Non seulement je trouve ça laid, mais en plus, ça use le bas des jeans jusqu’à les trouer. Donc il rentre, file dans sa chambre et se remonte le futal discrétos.

 Les Humeurs De Nanette dans son collège, les profs luttent contre cette mode. J’adore les profs.

Hier, nous avons donc eu une grande discussion sur ce foutu futal sous les fesses. Il en est ressorti que le Haricot n’aime pas spécialement ça, mais qu’il fait comme tout le monde. Que les grands de troisième se moquent de ceux qui ne suivent pas la mode. Pendant de longues minutes, Monsieur Nanou et moi n’avons pas su quoi dire. Que répondre à « Mais tout le monde le fait ! »… Ça s’est bousculé dans ma tête :

Choix n°1 : Ok, mais tout le monde n’a pas ta mère alors tu me remontes ton fute fissa si tu veux pas finir dans une école où on porte l’uniforme !

Choix n°2 : Tu ne dois pas céder à l’effet de groupe, ni à une pseudo-mode, tu dois être toi-même…

Choix n°3 : N’importe quoi ! Et quand tout le monde fumera et se droguera, tu le feras aussi ? Arrête tout de suite où je te découpe tes jeans !

Choix n° 4 : Tu fais comme tu veux. Sache seulement que je trouve ça moche, moche, moche. Tu veux être moche c’est ça ? Et bah continue !

Finalement j’ai rien dit, on doit en reparler ce soir… Pourtant, honte à moi, le choix numéro 4… aaaaaaaaah, le choix n°4 !

Les pré-ados et les ados, c’est tellement compliqué… Avec la Fève, ou le Haricot il y a encore quelques années, je sortais une tenue le matin, je les habillais, sans crainte de voir leurs fringues détournée au nom d’une mode débile. D’où elle vient d’ailleurs cette mode ? Si quelqu’un peut m’éclairer… A mon époque, les ados remontaient une « jambe » de leur survêtement à mi-genoux. C’était une mode hip-hop. Je n’y ai jamais cédé tant je la trouvais nulle, parce qu’il s’agissait en fait d’imiter les détenus américains qui devaient remonter leur jambe de pantalon pour montrer s’ils avaient ou non, des menottes aux chevilles. Tiens, Monsieur Nanou me dit que c’est pareil, que ce sont les mecs en garde à vue qui, privés de leur ceinture, perdent leur pantalon.

Les goûts de mon fils s’affirment… J’essaie de respecter ça en me rappelant celle que j’étais à son âge. Quand je désespérais d’avoir l’âge requis pour me maquiller. Quand j’arborais des franges improbables et que je priais tous les soir pour avoir assez de sous pour acheter un blouson Schott…

J’ai peur qu’un jour il me réclame une boucle d’oreille. Ou un tatouage. Je n’aime ni l’un ni l’autre. Je ne sais pas trop quoi lui dire, en fait. Dans ces moments-là, je suis contente de pouvoir compter sur mon mari :

– Ouais j’te comprends. Mais au moins, il te demande pas de se vernir les ongles, c’est déjà ça.

Merci Chéri.

Si quelqu’un a quelque chose de plus intelligent à me dire, ou un retour d’expérience, je suis preneuse.