J’ai 18 années de plus que mon fils premier-né. C’est peu et parfois, c’est un sacré avantage. Toutes les conneries qu’il imagine, je les ai faites avant (et il n’y a pas si longtemps), donc je les anticipe avec un sourire sadique sur le visage.

Je suis une maman plutôt cool mais assez stricte sur certaines choses.

Je suis la scolarité du Haricot de très (trop ?) près. Petit à petit, je lâche prise pour le rendre plus autonome, souvent c’est un échec, alors on recommence.

J’ai de la chance, ça marche plutôt bien pour mon fils au collège. Même très très bien. L’école l’intéresse, l’a toujours intéressé même s’il s’y est ennuyé parfois.

Les détracteurs de l’Education Nationale (dont je ne fais pas partie) disent souvent que l’école ne fait que bourrer le crâne de nos enfants, sans leur laisser la possiblité d’avoir une pensée propre, de réfléchir, d’argumenter, d’analyser… de contester. Quand j’entends mon fils, je me dis que dans notre cas, non.

Il y a des matières, comme la technologie, qu’il néglige ouvertement. D’autres comme le français et l’histoire, qu’il place au-dessus des autres.

Il a de grandes facilités, mais ce n’est pas un acharné du travail. Il réviserait volontiers ses contrôles la veille pour le lendemain et il peut aller se coucher en ayant bâcler ses devoirs sans l’ombre d’un remord. Il est comme ça le Haricot : doué, mais un peu fumiste.

Parfois, il me fait relire une rédaction, je lis, je le regarde… Et il sourit. Il sait qu’il s’est pas foulé. Il sait qu’il va devoir s’appliquer un peu.

Il revient peu de temps après avec un texte qui a de la gueule, qui va à la ligne quand il faut et dont les idées s’enchainent parfaitement. J’aime bien quand on bosse ensemble. L’histoire et le français, comme sa maman. Fierté.

J’aime pas les maths, mais parfois je m’y colle aussi. Par chance, il gère les maths aussi. Il pose ses calculs en ligne et essaie de me faire croire que c’est « la prof qui a dit de faire comme ça ». Ben voyons…

Il est bon élève mon fils, mais comme moi au même âge, c’est une pipelette. A cela, s’ajoute un brin d’insolence dû à son âge sans doute.

En trois mois de cinquième, j’ai signé pas mal de « mots », de « croix ». Répond sans lever la main (un classique depuis la maternelle), continue à bavarder malgré les mises en garde, chahute quand il a fini son travail et le petit nouveau « répond avec insolence » (et ses multiples dérivés).

A cause de son comportement, le Haricot n’a pas eu les félicitations l’an dernier, ce dont je me fous royalement, ses notes parlant d’elle-même. Mais je me rends compte que je ne sais pas comment réagir aux sanctions des professeurs. Sa prof principale dit la même chose que celle de l’an dernier « tout va bien, sauf le comportement. Il faudrait que vous recadriez un peu les choses à la maison ».

Je ne me casse plus la tête à répondre. Ca fait 7 ans que le Haricot va en classe, 7 ans qu’on me demande de recadrer les choses. Pourtant, tout le monde pense comme moi : il connait les règles, il sait pourquoi il y a des règles. Je ne veux pas repunir derrière les professeurs, alors je serine à nouveau qu’il doit se faire violence pour lever la main avant de parler, qu’une fois en cours, il faut qu’il écoute, que la récréation est faite pour papoter, mais pas les heures de classe.

L’effet de groupe joue beaucoup aussi : faire le marioles, ça le rend plus « cool » aux yeux des autres.

Quand il rentre avec un de ces fameux mots, je ne sais même plus quoi lui dire. Je pense que c’est plus fort que lui, il faut qu’il parle. J’étais pareille.

Je me demande ce que les profs attendent de nous, parents, quand ils nous collent un mot dans le carnet (Sandrine, si tu pouvais m’éclairer sur ce point). Faut-il qu’on repunisse derrière eux ? Ou alors, on laisse couler en se disant que la punition a déjà été donnée et que sanctionner des choses qui se passent au collège ne relève pas de notre rôle.

Est-ce qu’on doit se dire que le bavardage ce n’est rien du tout, surtout pour un gamin qui frise le 18 de moyenne générale ?

Mais il y a l’insolence et le fait que son chahut gêne les autres, notamment ceux qui ont besoin de concentration ou d’une attention particulière du professeur…

Il y a bien longtemps que le Haricot est catalogué « petit bavard aux bonnes notes ». En trois mois, je pense qu’il doit y avoir une quinzaine de mots dans son carnet.

J’ai essayé des tas de méthodes : une petite corvée, un rappel en long en large et en travers du comportement à avoir en classe. Tout jusqu’à la menace.

« Arrête de te faire remarquer en classe ! Continue comme ça et je DONNE ta console portable (PSP) à ta soeur. Et tu sais comme elle prend soin des choses…’

Je sais, c’est violent. Plus les années passent et plus je trouve ça difficile. Je relativise : mon fils n’a jamais fugué, n’a jamais volé et à part mes cookies-maison, il ne prend aucune drogue dure.

Vous faites comment les mamans d’ado ? Vous signez les mots en vous résignant ou vous les envoyez au boot camp ?